Qu’attendons-nous des prochaines Assises de la Culture ? / Mansour Abrous


Mansour Abrous

Qu’attendons-nous des prochaines Assises de la Culture ?

Lettre aux membres du Comité préparatoire aux Assises de la Culture et aux participants

Le rôle et les missions du comité préparatoire des Assises de la Culture, les moyens alloués

et les résultats attendus, doivent faire l’objet d’une lettre de mission de la ministre de la

Culture1

. Il faut veiller à retenir des personnes consensuelles, capables de débattre, de porter

des résolutions, d’animer de la contradiction, d’écouter sans interférer, d’agir sans froisser,

de relater sans détourner, de restituer sans rien ajouter. Des personnes engagées, sincères, aux

convictions fermes.

Le comité préparatoire des Assises de la Culture a pour tâche première de synthétiser les

propositions de travail, recueillies lors des Rencontres2

, et celles qui ont été adressées au

ministère de la Culture. Il présente une proposition de travail à la ministre de la Culture,

la somme des propositions émises par la communauté des acteurs culturels et la puissance

publique, la met en perspective, sous forme de document, avec des objectifs de principe, des

objectifs opérationnels, un plan d’action séquencé dans le temps, des indicateurs d’évaluation

et le mode de gouvernance de ces propositions. Le document de travail est porté, d’ici

l’ouverture des Assises, à la connaissance de la communauté artistique.

Pour améliorer le contenu et la qualité des échanges lors des Assises de la Culture, le

ministère de la Culture serait inspiré de produire quelques questionnements majeurs, sous

forme de questions simples, dans le but non pas d’orienter les débats, mais de donner aussi la

mesure de ses interrogations et de ses attentes.

Les Assises de la Culture ont pour objectifs de décliner les mesures qui permettront de donner

un nouvel élan à la politique culturelle nationale, dont la Ministre a esquissé les priorités :

favoriser l’accès à la culture, soutenir la création, valoriser notre patrimoine, promouvoir

des lieux d’expression et de création artistique, soutenir les initiatives privées, favoriser

l’économie culturelle.

Les Assises de la Culture sont un moment d’échange important, pour la communauté

artistique, et aussi de conviction pour offrir au Pays un projet culturel d’avenir, innovant,

enthousiasmant, solidaire et fraternel. Nous espérons voir chahuter le pessimisme, bousculer

les doutes, déraciner la désespérance ; nous espérons la délivrance des ambitions, la

sublimation du potentiel humain et créateur, la réactivation des engagements citoyens.

1 La communauté artistique peut réagir à la composition du comité préparatoire, en émettant des réserves fondées

sur des personnes désignées, ou en faisant des propositions de personnes susceptibles de mieux les représenter.

2

J’avais déjà signalé l’absence d’un temps de consultation et de concertation avec les « fonctions-supports » du

projet culturel, dans la série des Rencontres consacrées aux corps de métiers de la Culture, car ce dernier n’est

pas l’affaire stricto-sensu des artistes, mais concerne aussi les universitaires, la presse (tous supports confondus),

les opérateurs culturels, les institutions culturelles, les ministères aux compétences « adossées » (éducation,

recherche, enseignement supérieur, tourisme, artisanat...), les départements de recherche de l’université, les

bibliothèques spécialisées. Il ne doit pas « manquer » également le rendez-vous avec la communauté artistique

à l’étranger. Les attachés culturels auprès des représentations diplomatiques peuvent (et doivent) se saisir de ce

temps de travail et « cultiver » de fait leur proximité avec les acteurs culturels. Une vision large et élargie est une

assurance pour un projet culturel citoyen, partagé et équilibré.
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En amont des Rencontres, je m’étais permis de formuler quelques ambitions pour le projet

culturel national, je m’empresse de les rappeler :

L’enseignement de l’art : Un processus de modernisation des écoles d’art, de leur

fonctionnement et de leur organisation, une mise à niveau des contenus d’enseignement,

la promotion d’une nouvelle pédagogie et de nouveaux pédagogues, l’ouverture sur

l’environnement culturel et artistique national, l’assurance de débouchés professionnels, sont

les ambitions premières du projet culturel.

L’éducation artistique : Développer une offre artistique de qualité en direction des enfants et

des jeunes scolarisés, et donc mobiliser l’éducation nationale pour que des partenariats entre

établissements scolaires et culturels et que des résidences d’artistes dans les écoles soient

expérimentées.

Le soutien à la création : Un effort doit être consacré à la création de lieux de travail pour les

artistes : ateliers, occupation temporaire (avec convention) de collectifs d’artistes dans des

bâtiments publics en attente de travaux, transformation de certains lieux « abandonnés » en

lieux de fabrique, ouverture d’espaces de travail pour les artistes dans les centres de jeunesse,

les maisons de la culture, les écoles. Une réflexion doit être entamée avec le ministère de

l’habitat et les walis, pour faire valoir, dans les nouveaux programmes de construction de

logements, l’accès des artistes aux locaux en pieds d’immeubles, à des ateliers logements,

pour favoriser le développement d’espaces de création. La politique d’aide directe (création

et diffusion3

) aux artistes est à définir (ou redéfinir), afin de mieux encourager la création. Le

soutien à l’achat des œuvres d’art4

qui permet de relancer la politique patrimoniale et de créer

les fondements d’un marché de l’art.

Les équipements culturels5

: L’évolution de l’activité des équipements (musées, écoles d’art,

maisons de la culture...), leur modèle économique, leurs ambitions culturelles et éducatives,

la visibilité de leurs offres, méritent une réflexion approfondie.

Les entreprises culturelles : Définir le potentiel existant des entreprises culturelles en Algérie

et recenser la diversité de ses acteurs. Ces entreprises culturelles, et les commerces culturels

de proximité (les librairies, les galeries d’art...), doivent bénéficier d’un intérêt soutenu des

pouvoirs publics.

3

La diffusion des œuvres : Définir un projet « Expositions » (après un audit de ces dix dernières années) au

Pays : veiller à l’équilibre entre les expositions à dimension nationale, Africaine, Maghrébine, Méditerranéenne

et internationale. Veiller à une répartition des expositions sur l’année et sur le territoire national. Définir la

pérennité (temps d’existence et d’évaluation) des événements artistiques (expositions, revues d’art...), c’est une

question de fiabilité du dispositif « Arts visuels » et sa rentabilité économique et sociale. Définir un cahier des

charges des expositions (coût financier, communication, médiation des œuvres, restitution et analyse du projet,

financement public/privé, pilotage des projets).

4

Politique d’achat des œuvres : Le ministère (et ses institutions) doit affirmer leur intérêt à l’achat d’œuvres

d’artistes et à la mise à jour des collections publiques nationales. Il doit définir sa superficie d’intervention

financière et mettre en place des commissions d’acquisition d’œuvres et des cellules de prospective. Une feuille

de route précise et explicite doit cadrer l’intervention de ces commissions au plan financier, mais surtout dans le

choix des œuvres (et des artistes), les coûts d’achat (qui sera de fait un prélude à la mise en place ultérieurement

d’un marché de l’art).

5

L’animation des établissements et des équipements culturels doit être confiée à des gens compétents, rompus

à la chose culturelle, dans son aspect managérial, financier, conceptuel et conception. A chaque équipement est

affecté un cahier des charges précis sur les missions attribuées et les résultats attendus. L’action culturelle et

l’animation culturelle des établissements culturels sont à coproduire en démarche participative avec la société

civile et la communauté des artistes.
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La formation permanente des personnels en charge du projet culturel6

: L’Etat est en panne

d’ingénierie. Le champ culturel est fortement handicapé par la ressource humaine, en

incapacité de produire et d’animer un projet culturel avant-gardiste. Qualifier davantage les

professionnels de la Culture, recenser leurs besoins, répondre aux difficultés rencontrées

dans l’exercice de leurs missions et aux « manques » observées. Des ressources humaines

qualifiées, la modernisation managériale des établissements culturels, des opérateurs culturels

sont autant de prérequis pour l'émergence et le développement du projet culturel national.

Créer une banque de données en ligne « Ressources savoirs et connaissances » liées au champ

du management et de la pédagogie. Mettre en place des conventions de collaboration (et ou

d’assistance) ou statut d’enseignant associé pour « profiter » des compétences des artistes et

d’universitaires (résident ou non résident au Pays) à la forte valeur (artistique et compétence)

ajoutée

L’initiative culturelle privée : Accompagner l’émancipation de la société civile, le secteur

culturel indépendant7

, le tissu associatif national, en les finançant, en l’associant aux grandes

manifestations locales, régionales et nationales

L’art dans la ville : Soutenir les initiatives citoyennes et les événements qui consacrent l’art

dans la ville et dans la rue. Ouvrir l’espace public aux initiatives artistiques, c’est se mettre en

lien avec les citoyens, avec les jeunes et montrer une Algérie créative, riche de ses artistes.

La production de savoirs sur les arts visuels : le Centre de documentation et de recherche

pour construire de l’étude historique et de l’expertise pour les institutions culturelles et la

communauté artistique, l’Université et ces unités d’enseignement et de recherche8

, la création

d’une Agence d’études, d’expertises et de prospectives, pour produire des études et de la

prospective à même de soutenir la décision politique et l’organisation du projet culturel

6

Chaque année, le ministère de la Culture, sa direction compétente, doit rendre public un programme de

formation « Intelligence culturelle collective ». Ce programme s’adresse aux professionnels de la Culture qui

contribuent à la gestion et au développement du projet culturel. « Acquérir le métier d’abord, le conserver

ensuite, le développer toujours », est l’objectif de ce plan de formation. Cette stratégie s’appuie sur la

mobilisation des ressources humaines susceptibles de dispenser ces savoirs. Une école de formation,

de management et de l’administration de la Culture, peut assurer la formation initiale d’acquisition des

connaissances basiques ou des perfectionnements. Ce plan de formation s’adresse aux personnels des écoles

d’art (dix écoles d’art), des établissements culturels (trente-cinq maisons de la culture et 16 musées) et des

structures déconcentrées du ministère. La population pédagogique peut être étendue aux étudiants en post

graduation (école supérieure des beaux-arts d’Alger ou des départements d’art des universités nationales), aux

universitaires encadrants des formations universitaires, aux bibliothécaires spécialistes de ces domaines de

compétence et opérateurs culturels en charge des projets culturels.

7

Etre attentif par exemple aux propositions du Groupe de Travail sur la Politique Culturelle en Algérie, aux

actions du « réseau d’art citoyen et indépendant », le réseau50.com, à la mobilisation des artistes pour la

conversion des abattoirs d’Alger en une fabrique culturelle et la transformation de l’ancienne école des beaux- arts de Mostaganem en résidences d’artistes. La société civile devra en particulier s’affirmer davantage comme

acteur du projet culturel.

8

Le ministère de la Culture passe des conventions de stage et de manifestation d’intérêt (commandes) avec les

universités.
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L’optimisation des ressources9

: Créer un répertoire « Ressources » et recenser les artistes,

leurs savoir-faire technique et artistique, pour servir de « banque de données » pour

l’enseignement de l’art, l’artisanat, le tourisme.

L’évaluation des politiques publiques : Financer un observatoire des politiques et de l’action

culturelle, aider à la construction d’outils d’analyse pérennes et faciliter l’émergence de

recherches plus approfondies, en lien avec l’université.

La communauté culturelle en diaspora : elle est attachée à la réussite du projet culturel de

son pays d’origine. Elle est capable de conduire « un transfert de compétences et de savoir- faire artistiques et pédagogiques ». Elle est un levier pour assurer un « co-développement

des institutions culturelles, artistiques, pédagogiques » et un « développement des industries

créatives ». Elle est en mesure de produire une ingénierie de projet, permettant le non- recours onéreux et peu productif aux « expertises étrangères », aux audits d’associations

ou de bureaux d’études étrangers. Le développement culturel de l`Algérie n’a pas à être

mis sous-tutelle, il doit favoriser le recours aux « capacités nationales », valorisant ainsi

les compétences de l’élite nationale et de la diaspora algérienne à l’étranger, qualifiées,

immergées dans les habitus des projets culturels internationaux. La communauté artistique

en diaspora est aussi un canal privilégié pour assurer la visibilité et la promotion, là où

elle réside, là où elle produit, de l’art algérien, de la culture algérienne. Les autorités

diplomatiques algériennes à l’étranger doivent participer à la création et au développement de

ce réseau de « compétences » et la mise en rencontre avec les institutions culturelles du Pays.

Le financement : le financement des associations, du secteur culturel indépendant, le

développement du mécénat, l’association des entreprises nationales, sont essentiels, pour

développer le projet culturel national

Des acteurs culturels s’apprêtent donc à honorer de leur présence les Assises de la Culture. La

partie n’est pas simple, car l’Algérie a subi un demi-siècle de rendez-vous ratés, détournés.

Le pouvoir a tout abimé : institutions, ressources, projets, artistes. Il a tenté de neutraliser

l’intelligence. Il a entrepris un gommage profond de la scène culturelle, ne laissant que

les peaux mortes de ses affidés. Il a injecté la désespérance, la mal-vie, il a régenté la

communauté des artistes, réduite à un conglomérat d’ambitions personnelles, de personnalités

fades, parfois serviles. Il a multiplié les leurres de projets sans lendemain, d’institutions où

l’incompétence se monétise et le peu de productivité se salarie.

Il faut avoir le courage de vos convictions. Pour que l’espoir se sublime, il vous faudra

aller en conquérant de libertés, en diffuseur de paroles construites et d’idées innovantes. Ce

n’est pas une mince affaire que ce projet culturel dont vous allez débattre, déterminer les

9

Prévoir dans les cursus pédagogique des écoles d’art, l’intervention de professionnels pour communiquer

aux étudiants une expérience professionnelle réelle et les initier à la réalité du monde du travail. Prévoir des

séminaires « d’intelligence culturelle » ouverts aux intervenants culturels. Organiser des mini-universités d’hiver

et d’Eté de l’art (ateliers pratiques et théoriques), dans les écoles d’art, une sorte d’université de la formation

artistique continue. Dans les écoles d’art, transformer quelques ateliers d’enseignement en ateliers de résidence

sur la période de vacances. L’expérience de résidences d’artistes peut être prolongée dans les maisons de la

Culture, les écoles, les maisons de jeunes, les infrastructures touristiques.
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contours, dessiner l’architecture. Il ne faudra pas naviguer à vue, il faudra voir loin, « sentir »

cette Algérie du futur que rien, aujourd’hui, ne présage, ni n’évoque. Une Algérie sans

famille révolutionnaire, un FLN muséifié, une Algérie sans le nationalisme tiroir-caisse. Une

Algérie avec une population ouverte sur le monde, éduquée, soucieuse de sa qualité de vie,

de l’éducation de ses enfants, du bien-être individuel et collectif. Une Algérie plus jamais

régentée par un parti unique, un mandat politique unique, un personnel politique calaminé,

un syndicat unique, un unique espoir, un seul rêve et un seul avenir. Une Algérie rieuse,

débarrassée des tartres humains, des nécroses idéologiques, religieuses et sociales.

Cette Algérie, vous aurez la responsabilité de la deviner, de l’entre-apercevoir, une Algérie

ressuscitée par une génération de citoyens, d’artistes à qui « on ne la fait pas ». Donner

chair à cette Algérie de Demain, corps à ses projets, à ses institutions, à ses rêves. Etre les

compagnons fidèles de ce projet culturel porteur d’espérance, habitat de nos appétits citoyens,

des vigilances restaurées, du génie collectif encore en période d’essai.

Il faut dans son intime conviction formuler des attentes sensées, des objectifs accessibles,

réalisables. Ne pas attendre une satisfaction exagérée, elle n’est pas du domaine du possible,

en l’état actuel de torpeur du champ culturel national. Aller vers des ambitions « Lego » que

nous pourrons empiler au fur et à mesure de nos avancées.

Du temps, il en faudra pour voir grandir et prospérer ce projet culturel. Les obstacles sont

nombreux. Le projet de société est aujourd’hui incompatible avec l’idée que nous nous

faisons du projet culturel. Il faudra donc l’enraciner, le cultiver, le défendre, l’arroser de nos

engagements, en faire un bien commun et précieux. Elles sont nombreuses, les personnes,

qui ont tout à perdre avec la transparence, les idées, le projet, la compétence, la nouvelle

gouvernance. Il faudra les inviter à trouver leur place dans ce nouvel édifice culturel, à « jouer

collectif ». Il y aura du consensus à construire.

Qu’attendons-nous des Assises de la Culture ?

- Une vision, un cap, une écoute, un dialogue, des propositions, un calendrier de travail,

une méthode de travail

- Une scène artistique apaisée10

, revitalisée, respectée, respectueuse des opinions et des

différences

- Une scène artistique libérée de toute censure, entrave administrative, sanction

financière ; plus de scène artistique squattée par la commande politique, formalisée

par l’agenda diplomatique, vampirisée par le Ramadhan ; une scène rythmée par ses

10

L’absence de cadre d’échange et de tradition d’échange, de liberté de parole a multiplié les paroles d’indignité.

Ces dernières affectent la scène artistique, elles sont préjudiciables au travail collectif, et à la concertation

que nous devons produire pour configurer l’architecture de ce projet culturel citoyen, apaisé, collaboratif. Un

poste de « médiateur » au ministère de la Culture permettrait d’écouter, de répondre, d’orienter, d’évaluer la

situation « contentieuse »
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libertés, ses productions et l’adhésion de ses acteurs

- Une scène artistique valorisée11

, fêtée12

, soutenue pour rayonner à l’international13

,

confortée dans la préservation de sa mémoire14

et le respect des créateurs15

- Un fonctionnement « normal » du ministère de la Culture, avec des services

compétents et mobilisés, des fonctionnaires dévoués, qualifiés et en appétence pour

les changements, des institutions restaurées avec une projection sur l’avenir, des

projets efficaces, une attention particulière aux artistes et la reconnaissance de leurs

productions

- Une rationalisation des dépenses publiques, une mutualisation des ressources, une

formation des intervenants culturels, le primat de la compétence et du résultat, des

institutions revitalisées, des pédagogues « montés » en compétence, des projets

innovants, des infrastructures culturelles maîtrisées et bien gérées

Tout est possible : l’enthousiasme, la prospérité, la sublimation, mais menacent aussi l’échec,

l’aigreur, la régression, le désespoir. Il n’y aura rien de fécond à la régression. Cela sera le

chemin ouvert à l’échec de la scène culturelle algérienne, à des épisodes de confusion, au

retour des vieux démons et de l’autoritarisme, aux exaspérations non contrôlées, à la perte

de confiance, à l’effacement (encore) d’une génération de citoyens, à la conclusion de notre

incapacité à produire notre projet de société, à construire notre citoyenneté.

11

Définir les outils de communication, la stratégie de communication, la chaîne de savoir autour des arts visuels

(critiques d’art, journalistes culturels expérimentés, revues spécialisées...) : créer une Lettre du ministère de la

Culture, un site web d’informations, un document « Notes et argumentaires » sur divers sujets et intérêts portés

par les experts culturels et professionnels de la Culture, produire chaque un bilan de l’année culturelle, rédigé

en partie par les services du ministère de la Culture et en partie par des contributeurs (universitaires, artistes,

professionnels du secteur de la Culture), rendre le site du ministère de la Culture plus attractif, plus réactif, à la

mise à jour permanente, en faire un site ressources pour les gens de la Culture

12

Imaginer à la fin de chaque année calendaire, un événement type « Nuit des récompenses de l’année... » où

pourraient être valorisées les personnalités et/ou les institutions (artiste, journaliste culturel, directeur d’école

d’art, directeur de musée, essayiste, galeriste, opérateur culturel...) qui ont œuvré à la réussite de l’année

culturelle

13

Contribuer à construire un espace artistique maghrébin (libre circulation des artistes, faciliter l’accès aux

universités, aux départements d’art, les écoles d’art, les résidences d’artistes, le marché de l’art, les galeries

d’art), exprimer sa proximité avec l’Afrique (organisation d’une grande manifestation, un enseignement de l’art

africain, des collaborations entre artistes africains et artistes algériens (workshops, œuvres communes...), donner

aux artistes algériens et à l’art algérien, une visibilité inédite en Europe. Reste à définir le rôle de l’Agence

algérienne de rayonnement culturel, dans le sens d’une force de projection à l’extérieur

14 Création d’un centre de documentation et de recherche sur les arts visuels, qui assure la conservation et la

diffusion de la mémoire artistique.

15

Les artistes, appartiennent à la mémoire collective et leurs noms méritent d'être préservés. La mémoire

collective est vidangée depuis des décennies de tout rapport à la Culture et à l’art. Le ministère de l’intérieur

et des collectivités locales lance pour 2016 une opération pour baptiser « des lieux et édifices publics ».

Pour « fixer » la mémoire culturelle et artistique du Pays, le ministère de la Culture peut et doit saisir cette

opportunité pour proposer des noms d’artistes pour baptiser les institutions (musées, écoles d’art, rues...)
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Auprès de la Ministre, un Conseil de la Culture16

ou un Conseil consultatif pourrait être le

garant du vécu du projet culturel, sans excès et sans affaissement, sans précipitation et sans

lenteur, avec sérénité et aussi passion, avec patience non dépourvue d’impatience.

Il faut construire les conditions de la réussite de ces Assises de la Culture. C’est une raison

inespérée de parler de la culture. Il faut œuvrer à un projet culturel d’essence citoyenne qui

nous déleste des amertumes, du harcèlement des doutes, de l’irrespect des insatisfactions.

Demain s’invente (peut-être) dans ces Assises de la Culture.

Mansour Abrous

Lundi 27 octobre 2014

16

L’objet de sa mission serait de veiller à ce que les orientations, les projets et les actions retenus dans le projet

culturel, issu des Assises de la Culture, soient respectés, mis en œuvre, le calendrier de travail et les échéances

respectés. Il favorise la participation des artistes et des Hommes de culture à la vie culturelle nationale.

Ce Conseil, véritable instrument de démocratie participative, présidé par la ministre de la Culture, qui en

désigne les membres, selon des critères de parité, de diversité des zones géographique d’origine, de milieu

socioprofessionnel, a un rôle consultatif et de propositions. Il permet de faire entendre la voix des artistes et des

Hommes de culture sur les différents aspects de la vie culturelle : formation, institutions, projets, financements,

etc. Il engage le dialogue avec la ministre de la Culture, les services centraux et les services déconcentrés du

ministère de la Culture, et formule des propositions et avis qui sont communiqués à la Ministre de la Culture et

ses services compétents. Le Conseil de la culture peut être le garant du vécu du projet culturel, il s'inscrit dans

la volonté de créer les conditions d'une scène culturelle et artistique plus harmonieuse, plus apaisée, plus apte à

encourager l'expression de chacune et chacun.
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