TABARHA NORREDINE, ARTISTE PEINTRE / Par : Rachid Hamatou


TABARHA NORREDINE, ARTISTE PEINTRE
L’art n’est pas une théorie mais une pratique


Par : Rachid Hamatou

Cet artiste nous a reçu dans son atelier à Sidi Okba (Biskra), entouré de ses œuvres chargées de couleurs du terroir, d’une lumière qui rappelle l’arrière-pays, carrefour et lieu de rencontre entre les Zibans et les Aurès…

Liberté : Vous semblez profiter, de la lumière du sud, des couleurs et formes des Aurès ?
Norredine Tabarha : Exactement. Je suis un Auressien du Sud, je suis né à Felmèche, à quelques encablures du refuge de la Kahina. La lumière et les formes ont toujours fait partie de mon univers, et bien avant que je ne sache manipuler un pinceau ou mélanger des couleurs. Je suis né et j’ai grandi dans un tout petit douar, j’ai vu ma mère, mes tantes, ma grand-mère, tisser, rouler le couscous, chanter et dessiner sur de la poterie, des formes et des figures ancestraux. J’ai en fait un butin, une muse, je n’ai plus envie de chercher loin, ce que j’ai au creux de la main et qui est mien.

Ancien élève de l’Institut technologique de l’enseignement, option dessin, vous avez quand même appris des choses lors de votre formation ?
Pas du tout. On continue d’enseigner des principes obsolètes et dans le meilleur des cas faux. Ce que j’ai appris, c’est par le contact, le partage, le voyage et le fond de ma mémoire, c'est-à-dire par mon histoire. J’avais repris le chemin de mon lieu de naissance, pour retrouver odeurs, lumières, couleurs, formes, et sans peine aucune le puzzle s’est reformé. C’est la chose la plus naturelle qui soit, s’extérioriser et c’est ce que j’ai fait. Le problème chez nous, c’est que nous voulons faire du Goya ou du Matisse, dans une autre réalité, aussi bien géographique, qu’historique, culturelle et sociale. Et le drame c’est que nous oublions, pis encore nous refusons d’êtres nous-mêmes. Alors pour ne plus passer mon temps à être l’autre, j’assume artistiquement parlant, une identité artistique algérienne, avec un legs millénaire. Nous avons les plus anciens dessins, que l’humanité à connue au Tassili.

Comment vous projetez-vous dans l’art ?
L’art n’est pas une théorie mais une pratique, je me le répète souvent. C’est aussi un combat, une revendication et une affirmation. Je ne suis pas peintre de dimanche, je considère que je peux contribuer à mettre en exergue, une culture plurimillénaire. Je témoigne, j’interpelle, je suis un artiste militant et conscient. Sans cette conscience, nous cesserons d’être.

Qu’en est-il de la visibilité de votre travail ?

Nous sommes hélas dans un pays où tout, ou presque tout se passe à la capitale. L’intérieur du pays est négligé, voire même sacrifié. Cependant les choses changent, vous avez mis du temps, pour venir dans ces lieux reculés, mais vous êtes là. Demain peut-être dans un futur proche, nous verrons enfin des manuels scolaires, qui vont enfin parler de l’artiste algérien qui réside en Algérie profonde, des autres formes d’expression que nous appelons naïves ou archaïques, tels que le tatouage, lapoésie populaire, qui pourtant peuvent constituer une base de données inestimable. Les nouveaux moyens de communication et de partage, vont certainement donner la parole à ces formes d’expression négligées.

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