« Du gaz naturel au gaz sarin… le fond du bourbier syrien » / Khaled ABDELHAFIZ

 

« Du gaz naturel au gaz sarin… le fond du bourbier syrien »
Khaled ABDELHAFIZ
20 août 2013


Exagérons nous lorsque nous affirmons que le couple gaz-pétrole est bien le sang de notre planète et que les pipelines et autres gazoducs qui en transportent sont les artères de ce globe. Ainsi, Pourrait-on aussi soutenir que nos crises pétrolières ou gazières ne sont autres que des crises cardiaques de notre belle terre bleue ! Et qu’une crise cardiaque est bien dangereuse, voire mortelle ! Peut-on affirmer le contraire ?
Nous sommes donc peut-être en train d’assister les bouches béantes à une sorte de crise cardiaque terrestre qui est en train de se dérouler sous nos yeux impuissants ! Personne n’espère subir les conséquences catastrophiques de cette crise, pourtant des vrais hommes, des enfants, des femmes, des vieux sont en train de payer de leur vrai sang les dommages collatéraux de cette crise. Où ? En Syrie au Machrik[1]mais aussi ailleurs !

La crise syrienne est au cœur de la crise de Nabucco[2]
La date de lacement du Nabucco, 2002, suit juste le début de la guerre étasunienne visant l’Afghanistan ! Les dates repoussées successivement[3]de la fin des travaux du Nabucco 2009, 2012 et 2014 suivaient scrupuleusement et respectivement la date des deux guerres israéliennes contre le Liban et Gaza, l’année dite « l’année du printemps arabe » et la résistance inattendue de la Syrie aux objectifs du « printemps arabe ». C'est là que les relations entre Moyen-Orient, Russie et Europe médiane se nouent. Actuellement la date proposée pour la fin de ses travaux, selon nos références est désormais 2017. Pourquoi les américains ne cessent de repousser la date butoir de la fin de travaux de leur gazoduc, alors que les russes finissent, paisiblement, des projets semblables les uns après les autres ? Pour comprendre ce dilemme, il faudrait pénétrer dans le bourbier syrien avec ses innombrables bifurcations en forme d’usine à gaz !
Commençons d’abord nos efforts, en réfléchissant aux réponses à toutes les questions susceptibles d’être posées par tout être humain occupé par la réalité de la crise syrienne qui se place au carrefour de quatre régions : Moyen-Orient, Russie, Occident avec l'Europe médiane au centre.
- Pourquoi la crise syrienne va en s'aggravant avec croissement des conflits internes et externes ?
- Quelle est la nature et la taille des intérêts qui se croisent dans l'espace syrien ?
- Pourquoi le retournement des positions turques et qatariotes envers la Syrie et pourquoi l’alliance du Doha et d’Ankara contre Damas ?
- Pourquoi l'appui de la Russie à Damas ?
- Pourquoi les réticences allemandes envers la politique des autres puissances de l'OTAN ?
- Et pourquoi le silence des pays d'Europe médiane qui avaient la plupart pris bruyamment part à la guerre visant l'Irak ?
- Quel est le secret du retournement de l'Emir du Qatar sur son père et d'Erdogan sur son maître Necmettin Erbakan ?
- Quel est le secret de la déclaration américaine sur le nouveau Moyen-Orient ?
- Dans quel sens vont se développer les événements en Syrie ?
- Quels sont les indicateurs de l'avenir à la lumière des documents de WikiLeaks ?
- Les fuites de WikiLeaks sont-elles involontaires ou bien programmés ?
- Tous les jours il y a plusieurs « BOUAZIZI » arabes. Pourquoi ce Tarek BOUAZIZI tunisien en particulier ? Quelle est l'histoire secrète du printemps arabe ?
- Les révolutions arabes sont-elles préfabriquées à Washington ?
- Comment a fonctionné le lien entre Otpor serbe, les révolutions colorées dans l'espace eurasiatique et le printemps arabe ?
- Quel est l’objectif du gazoduc syro-iranien à travers l’Irak et vers l’Europe via la Grèce ?
- La Fragmentation de ce qui est divisé est-elle le titre du nouveau Moyen-Orient ?
- L'occupation de l'Irak serait-elle l’ouverture officielle du projet du nouveau Moyen-Orient ?

Un plan a-t-il été élaboré dans les couloirs du puissant G7 (évidement sous la pression des grandes sociétés financières et énergétiques transcontinentales) en 1992[4] ? Cette rencontre a eu lieu presque en parallèle, histoire de donner l’impression d’une démocratie mondiale, avec le fameux sommet de la terre[5]dit par d’autres sommet des pauvres de l’UNCED, filiale de l’Organisation des Nations Unies, qui s'est tenue à Rio de Janeiro au Brésil et qui a donné naissance au protocole de Kyoto. Ce protocole impose la réduction des émissions de gaz polluants dans l'atmosphère afin de limiter l'aggravation du réchauffement climatique. En soit, c’est louable. Hélas, c’est bien là où germent les grands conflits mondiaux à venir ! L'Union européenne ratifie cet accord en 1994. Ainsi le gaz naturel est devenu la plus importante source d'énergie à la place du pétrole, qui a commencé à décliner d’importance stratégique pour chuter à la deuxième place. Il faut alors beaucoup de gaz à l’Europe, la plus grande consommatrice mondiale du gaz ! Or ce gaz, il est disponible en Iran et en Russie à profusion… Les aléas politiques et diplomatiques vis-à-vis de l’Iran mènent l’Europe directement dans une position inconfortable face au pseudo monopole russe[6] ! Avec le temps l’Europe soufre de l’insécurité quant à l’approvisionnement de ces besoins énergétiques. Ce problème rend indispensable l’intervention des stratèges américains ! Est-ce que Washington permettra l’expansion de l'influence russe en Europe après la dissolution du pacte de Varsovie et la probabilité de la disparition de la raison d'être de l'OTAN ? C’est ce que semblent réclamer certains européens ! Au passage, nous soulevons une contradiction imposante, les USA sont l’un des rares pays à ne pas avoir ratifié le protocole de Kyoto, alors que des grandes sociétés américaines se frottent les mains pour réaliser le projet de Nabucco et acheminer ainsi le gaz vers l’Europe !
En 1995 un accord au Qatar, a conduit le fils au pouvoir par un coup d'Etat (blanc) contre sonpère. Des accords rapides ont alors permis la démarcation de la frontière avec l'Iran et le début del'extraction de gaz au Qatar pour tenter de couvrir la demande européenne et de réduire l'impactde la dépendance de l'Europe envers le gaz russe. L’impossibilité du transport du gaz du Qatar versl'Europe par gazoduc, a rendu nécessaire de liquéfier le gaz malgré le coût élevé de cette opération. La Syriea refusé le passage d’un tel gazoduc puisque Qatar imposait d’y transporter du gaz israélien[7]. Cette positionstratégique syrienne restera en rigueur tant que le problème palestinien ne sera pas réglé.L'étonnante ironie est que les états voisins : le Bahreïn[8]et le Sultanat d'Oman[9]achètent le gaz enprovenance de pays lointains, alors que le gaz qatariote est tout proche ! En effet, Washington adécidé de privilégier le gaz qatariote pour le marché européen afin de concurrencer le gaz russe. ADoha le dernier mot revient à Washington. Forte de sa super base militaire[10]au nom de coderappelant un doux Disneyland « Camp Snoopy », alors que ses énormes composantes disent lecontraire 1) l'aéroport international de Doha 2) le camp militaire du Saliyah 3) la base aérienne del’Al Udeid et surtout le commandement central américain de la région centrale dit « CENTCOM[11] ».Parallèlement Washington semble dans le passé avoir aidé à enflammer les régions de laTchétchénie et de la Yougoslavie en utilisant des mercenaires arabes et afghans au nom d’un« djihad » incertain !
La société du gaz russe « Gazprom[12] » a été transformée en société d'État par actions (РАО) en 1993, par le chef du gouvernement russe Viktor Tchernomyrdine et son parti, le NDR, où Poutine était un responsable régionale à Saint-Pétersbourg. Quand Poutine a réussi en mars 2000 a maitrisé sans retard, les rênes de la situation en Tchétchénie, Gazprom est devenu rapidement le centre réel de pouvoir en Russie à l’image des compagnies américaines semblables qui régissent les Etats-Unis et qui sont derrière le projet du Nouveau Moyen-Orient. Washington a réalisé l'importance de la répartition géographique du gaz[13]dans la région : le Turkménistan, l'Azerbaïdjan, l'Iran, l'Egypte et les réservoirs de gaz, bien identifiés auparavant par Washington, sur la côte orientale de la méditerranée entre la Syrie et Chypre et surtout sous la Syrie. Ils ont réalisé que le contrôle de ces sources signifie la conservation d’une position monopoliste incontestée et la gestion du monde en fonction de leurs intérêts. Mais il leur faut neutraliser l'impact de l'influence russe, qui contrôle le transit gazier des régions de l'Azerbaïdjan et le Turkménistan. Le moyen pour y parvenir est le contrôle de gaz méditerranéen de manière a assurer l’approvisionnement de gaz à l’Europe. Ainsi la Russie ne sera pas en mesure d'acheter du gaz de l'Asie centrale, pour le vendre à l’Europe. Ces pays d’Asie centrale seront donc forcés à entrer dans l'orbite de la stratégie américaine. Mais l'accès à la commande du gaz à partir de la rive orientale de la Méditerranée doit achever le processus de paix de la région, et pour parvenir à la paix dans la région, selon la légitimité internationale. Est-ce que l’état israélien est prêt à cela ? Ou préfère-t-il un « nouveau Moyen-Orient » plus facilement contrôlable avec des cloisons confessionnelles et de nouveaux états sectaires qui ne disent pas non à Qatar ou plutôt à son maître ? La liquidation de la cause palestinienne pour dissoudre la patrie et la remplacer quelque part dans le royaume de Transjordanie, serait éventuellement un remède dans ce dernier cas ! C’est le chantier du siècle, il y aura énormément de pertes humaines et quelque chose qui ressemble à un printemps arabe !

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http://www.michelcollon.info/Du-gaz-naturel-au-gaz-sarin-le.html

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